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Un très bel article auquel nous avons participé vient d’être publié dans Diversity and Distribution :  Mediterranean Islands as Refugia for Elasmobranch and Threatened Fishes par Pichot et al

article complet en libre accès

résumé :

Objectif : La mer Méditerranée est l’une des mers les plus anthropisées au monde, mais aussi un point chaud de la biodiversité marine, avec de nombreuses espèces de poissons menacées. L’objectif principal de l’étude est de vérifier si, sur la côte méditerranéenne fortement pêchée et anthropisée, les îles Corse et Baléares, moins touchées, peuvent être considérées comme des refuges pour les poissons menacés et les élasmobranches, indépendamment de la protection par les réserves marines.

Localisation : La côte méditerranéenne française et trois îles du nord-ouest de la Méditerranée : la Corse ainsi que Majorque et Minorque de l’archipel des Baléares.

Méthodes : Nous avons réalisé 187 études de poissons en utilisant le métabarcoding de l’ADN environnemental sur trois îles et 109 le long de la côte continentale. Sur les 78 études réalisées sur les îles, 22 correspondent à des réserves marines sans prélèvement et sur les 109 études réalisées sur la côte continentale, 26 ont été réalisées dans des réserves. Après filtration, extraction, amplification et séquençage de l’ADNe, nous avons estimé le nombre d’espèces de poissons, mais aussi le nombre d’espèces commerciales, menacées ou en voie de disparition mais aussi le nombre d’espèces de poissons commerciaux, menacés et élasmobranches sur chaque échantillon. Nous avons ensuite effectué une ANOVA par permutation pour tester l’effet de l’insularité et de la protection sur ces quatre mesures de la biodiversité. Nous avons également modélisé ces quatre mesures de biodiversité en fonction de la protection et de la pression humaine, mais aussi de l’environnement, de l’habitat et des conditions d’échantillonnage. Nous avons également construit des courbes d’accumulation d’espèces afin d’obtenir des asymptotes représentant les bassins régionaux potentiels pour chaque catégorie d’espèces, tant sur les côtes insulaires que continentales.

Résultats : Nous avons obtenu un total de 175 982 610 lectures sur les 187 échantillons d’ADNe qui ont été attribués à 153 espèces de poissons dont 17 espèces d’élasmobranches parmi lesquelles 7 n’ont été détectées que sur les îles. Nous avons observé une richesse totale en poissons plus élevée sur les études continentales que sur les études insulaires, indépendamment de la protection, mais une plus grande richesse en poissons menacés et en élasmobranches sur les îles que sur les côtes continentales. Nous avons obtenu un impact significatif, négatif et prédominant de la gravité humaine sur la diversité des espèces d’élasmobranches. L’asymptote modélisée a atteint 148 espèces de poissons téléostéens sur les îles et 196 sur le littoral continental, avec un taux très similaire d’augmentation de la diversité en fonction de l’effort d’échantillonnage, mais la forme des courbes d’accumulation des espèces diffère nettement pour les élasmobranches avec une augmentation plus forte de la diversité avec l’effort d’échantillonnage sur les îles.

Principales conclusions : Nos résultats soulignent que les îles méditerranéennes peuvent être des refuges pour les requins et les raies, mais aussi pour les poissons menacés dans cette région surexploitée. Nos résultats suggèrent également que la réduction ou l’interdiction des activités de chalutage peut jouer un rôle clé dans la conservation des poissons vulnérables, au-delà des bénéfices des réserves marines qui semblent limités pour ces espèces à grand rayon d’action.