“Ce face à face, Laurent en rêvait depuis dix ans. Il était inespéré tant les obstacles à la présence de l’homme et du poisson dans les mêmes eaux étaient nombreux. Mais le coelacanthe occupait la pensée du photographe depuis trop longtemps pour qu’il renonce. C’est en partie pour lui que Laurent est devenu plongeur et biologiste matin. […] Récit d’une aventure humaine hors du commun, à la fois défi technique, exploit sportif et surtout révélation scientifique.”
“La piste serpente sur une grande dune arborée. Derrière nous s’élèvent un nuage de poussière. Devant cahotent un pick-up 4×4 antédiluvien, bouffé par rouille. Entre les deux, il y a nous : l’équipe des quatre plongeurs juchés sur notre bateau pneumatique de sept mètres. Plus de place ailleurs. Le pick-up déborde, quatorze bouteilles et quatre cent kilos d’accessoires indispensables à l’expédition y sont entassé. La mer est devant nous, à 15 km. Quarante minutes de tape-cul, c’est notre régime quotidien […]”
“Dernières vérifications et nous basculons dans l’eau. Étrangement, l’angoisse se dissipe dans l’action. La descente est violente, à la verticale autant que faire se peut et le plus rapidement possible. Par chance mes oreilles s’équilibrent bien et, en une minute seulement, j’atteins cinquante mètres de profondeur. La, en pleine eau, arrivé à ce point je ralentis ; je vérifie que mes compagnons sont autour de moi. Puis je choisis le cap à suivre à l’aide d’une boussole. Comme chaque jour, l’atterrissage m’obsède. Si nous le ratons, l’exploration du jour est annulé […]”
“Je le vois ! Le cœlacanthe… Il est là, impassible, posté à l’entrée d’une grotte. Ses nageoires pédonculées sont toutes en action. Il est imposant, près de deux mètres. Je vois nettement les courtes épines blanches qui recouvrent les rayons bleus de sa nageoire dorsale. Avec lenteur et prudence, je me dirige vers lui. C’est un dinosaure vivant que j’approche. L’émotion est forte. J’attends cet instant depuis… Depuis toujours ! Depuis que j’ai mis la tête sous l’eau, que je me berce de récits sur les merveilles sous-marines. Depuis l’enfance. Je voulais regarder le cœlacanthe dans les yeux. J’ai attendu, espéré, travaillé. C’est maintenant… Alors, oui, l’émotion me gagne, mais je sais que je ne dois pas me laisser envahir par elle. […] Je ne veux pas faire d’erreur. J’ai peur de lui faire peur. Je garde mes distances. Personne ne sait comment le cœlacanthe va réagir devant un plongeur. Jamais auparavant un photographe naturaliste ne s’était trouvé face à lui.”
Quelle émotion! Et quel pas pour la science! J’imagine le bonheur de Laurent et de l’équipe! BRAVO à tous!
moi qui ne sait que flotter (et encore !) j’ai tout au long de la lecture de ce récit tout en émotion, amour et humour eu l’impression d’être le 5eme membre de l’équipe. Merci pour ce baptème de plongée dans les abysses. Bravo à toute l’équipe. Jolie écriture… encore
Oui le fossile vivant qui a remué jusque certains de mes cousins américains a été à la une de Paris match . Mais coté Paris match on line , le diaporama n’est pas passé . Pour un tel évènement c’est dommage .
Quant à l’article de Laurent , je partage l’avis de Laure et Christine .
Laurent , je connais les abysses limpides de la mer rouge depuis tant d’années!
Il n’y a que toi qui puisses raconter tes émotions lors de ces plongées extrêmement techniques . je ne serai pas en France lorsque Ushuaia te consacrera ces 26′ minutes bien méritées , à toi et à vous tous qui avez pris le risque d’approcher ce fabuleux poisson du bout des doigts. Réaliser ses rêves est la plus belle chose qui nous soit donnée…peu importe l’issue .
Tess , une plongeuse passionnée , mais ça tu le sais.
Un rêve réalisé…merci de nous faire partager cela encore et encore.